Quebec : simulation d'accident ferroviaire de marchandises dangereuses, en Estrie pour se préparer au pire.

Retour sur la catastrophe de Lac-Mégantic en 2013 et les conséquences du manque de Culture Sécurité en entreprise.

Bien que frontalière avec les Etats-Unis, l'Estrie n'est probablement pas la plus connue des régions du québec. Cependant, nous connaissons tous la ville de Lac-Mégantic, dont la population dépasse pourtant à peine 6000 habitants, à cause de la catastrophe ferroviaire de 2013 qui vit un train de fret d'hydrocarbures dérailler, suite à des erreurs techniques, humaines et organisationnelles, causant 47 victimes.

Les simulations d'accident ferroviaires dans cette région doivent probablement faire ressurgir le spectre de cette catastrophe.

" Les services de sécurité incendie, lorsqu'ils interviennent sur des événements, ils sont toujours en mode offensif parce qu'il y a peut-être des vies qui sont en question. Dans le domaine ferroviaire quand on intervient on est toujours en mode défensif tant qu'on n'a pas obtenu les informations pour la phase initiale de l'intervention", précise Jean-Pierre Couture, expert de l'Association des Chemins de Fer du Canada.

L'exercice qui s'est déroulé samedi sera renouvelé dans deux ans, avec un nouveau scénario, pour mettre encore une fois à l'épreuve le savoir-faire des premiers répondants et assurer une réponse optimale en cas de catastrophe réelle.

 

Pour ceux qui ne connaitraient pas la catastrophe de Lac Mégantic, je vous propose un retour sur cet évènement.

Le 05 juin 2013, l'ingénieur ferroviaire de la compagnie Montréal, Maine et Atlantic Railway (MMA) stationne son train pour la nuit dans la ville de Nantes ( au Québec, pas en Loire Atlantique, bien sûr !). Le train, composé de 5 locomotives et de 72 wagons-citernes, transporte environ 8 millions de litres de pétrole brut provenant de champs pétroliers du Dakota du Nord, aux États-Unis. Le chargement se dirige alors vers les raffineries du Nouveau-Brunswick.

Lorsque l'ingénieur arrête le train, il laisse la locomotive principale en marche, ce qui maintient le système de freinage à air. Cependant, il n’applique les freins à main que sur les 5 locomotives et 2 wagons-citernes, laissant ainsi le train mal sécurisé dans une pente descendante, avant de prendre un taxi pour aller dormir dans un hotel, à Lac-Mégantic. Les règles stipulent que les seuls freins à main soient capables de bloquer le train. La procédure stipule donc d'effectuer un test pour garantir cette sécurité. Le test a bien été effectué mais en incluant les freins à air. L'ingénieur a donc eu l'impression de laisser le train en sécurité. Par ailleurs, l'ingénieur avait précisé au contrôleur ferroviaire local que la locomotive principale avait eu des soucis mécaniques pendant le trajet, projetant notamment une fumée blanche et noire par la cheminée de la locomotive. Le train a tout de même été laissé sans surveillance sur cette voie.

Après le départ de l'ingénieur ferroviaire, seul personnel à bord du train, un incendie se déclare dans la locomotive principale, où se situe le moteur. Les pompiers répondent alors à l’appel, éteignent le feu, puis coupent le moteur du train, conformément aux instructions ferroviaires. Lorsque les pompiers partent, les freins à air du train ne fonctionnent plus, le moteur ayant été éteint. Tout juste avant 1 h du matin le 6 juillet 2013, le train se met lentement en marche vers la ville de Lac-Mégantic, les freins à main appliqués par l’ingénieur ne suffisant plus pour l’arrêter.

Atteignant une vitesse maximale de plus de 100 km/h ( 65 miles/h), le train déraille près du centre de Lac-Mégantic, vers 1 h 15 du matin. Environ 6 millions de litres de pétrole brut s’échappent des 63 citernes ayant déraillé et explosé, tuant ainsi 47 personnes, forçant l’évacuation d’environ 2 000 habitants et détruisant une grande partie du centre-ville. Environ 100 000 litres de pétrole sont déversés dans la rivière Chaudière à proximité, soulevant de grandes inquiétudes par rapport aux conséquences sur les voies navigables, la vie sauvage et les communautés en aval. 

La majorité des victimes se trouvaient dans le Music-café où la température lors de l'explosion a atteint plus de 3000°C.

Les wagons empilés les uns sur les autres, et la grande quantité de pétrole brut en flammes ont compliqué de beaucoup le travail des pompiers. Malgré le défi que présentait l'envergure de la situation d'urgence, l'enquête a démontré que l'intervention a été bien coordonnée, et les services d'incendie ont efficacement protégé le site et ils ont assuré la sécurité du public après le déraillement. 

Culture Sécurité : La MMA avait une culture sécurité réactive plutôt que proactive. Il y a avait d'importants écarts entre les consignes d'exploitation et la réalité terrain. Il en résulte une faible culture Sécurité au sein de l'entreprise. L'enquête a révelé que la formation, les examens et la surveillance des employés n'étaient pas suffisants, notamment dans le cadre des immobilisations de trains.

Classification de la marchandise dangereuse : L'enquête a démontré que le pétrole brut transporté était plus volatile que ce qui était mentionné sur les documents d'expédition. Il est donc possible que la classification, de la responsabilité de l'expéditeur, soit erronée. 

Le BST, dans son rapport a établi 18 faits ayant provoqué l'accident de Lac-Mégantic

 

 Je voulais profiter de l'ouverture du salon SIFER demain à Lille ( Salon de l'Industrie Ferroviaire) pour faire le rappel de cette catastrophe.

Nous serons présent sur le salon. Prenons RDV dès à présent !

 

Presse : radio-canada

Source : BST